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Éric Delassus est professeur de philosophie au lycée de Bourges. Il intervient à l’hôpital pour aider médecins et malades face aux décisions angoissantes, aux douleurs et à la mort. Son livre montre ce que peut leur apporter la philosophie de Spinoza [1] , à qui j’avais consacré un article d’Altertabacologie [2] à propos des dépendances.

De la lecture (difficile) de l’Ethique, j’avais retenu que nulle puissance ou autorité transcendante ne dicte à l’Homme une morale. Il ne suit donc aucune Loi révélée, opposant le Bien et le Mal. Il n’obéit qu’aux lois physiques de l’univers, de la Nature, en qui Spinoza voit concrètement Dieu, dont l’Homme est une partie, pas un État dans l’État.
Ce Dieu éternel, tout puissant, n’a que faire d’une morale. Dans une certaine mesure, Dieu est indifférent aux hommes. L’Homme est donc contraint de se forger des lois humaines pour régler sa vie individuelle et sociale. Dans des circonstances favorables l’esprit humain est en mesure d’adopter une attitude réflexive qui lui permet de mieux comprendre les causes extérieures qui le déterminent et le conduisent parfois à agir selon des règles inadéquates et, par conséquent, de manière déraisonnable.
Il parvient ainsi à agir librement, non pas en faisant preuve d’un libre arbitre illusoire, mais en agissant en adéquation à la seule nécessité de sa nature. C’est cette capacité de penser et de réfléchir qui distingue l’Homme des autres choses singulières et qui lui donne une certaine dignité.

Selon Spinoza, l’Homme est un Corps/Esprit, deux aspects, attributs d’un tout unique indissociable. L’esprit se forme et s’enrichit de tout ce qu’expérience le corps, si bien qu’il en est une image consciente, une idée du corps. Elle est souvent faussée par des affects qui peuvent créer chez un malade des idées inadéquates, comme le sentiment d’une injustice, de culpabilité, la peur d’une punition divine.

Au Bien et au Mal, Spinoza oppose le Bon, utile à chacun et à la société, et le Mauvais qui leur est nuisible. Ces idées inadéquates sont passives, tristes, parfois terrifiantes, et nuisibles. Elles entravent l’action du Corps/Esprit. À l’opposé, les idées adéquates sont actives. Tout le travail du thérapeute est d’amener le patient à réfléchir sur son idée du corps, pour qu’il accède à une connaissance vraie de tous les aspects de sa maladie. Est alors renforcé son conatus [3], c’est-à-dire la puissance qui pousse tout être vivant à persévérer dans son être, l’instinct de vie.
Le patient peut alors substituer à un effondrement émotionnel démobilisant le dynamisme de la raison, qui fait chercher dans la nature elle-même comment dévier le cours naturel inexorable [4]. de l’affection.
L’empathie aide à établir un bon contact avec le malade, mais une trop grande commisération risque de perturber le jugement rationnel. Considéré comme un partenaire dans son combat, le patient n’est plus le malade-objet de la médecine scientifique. Il a droit à la vérité. Il a même droit à la connaissance la plus complète de sa maladie et de lui-même face à elle. Pas de mot tombant comme une sentence, mais pas question non plus de pieux mensonge.
Son imaginaire lui est personnel, dépendant de son éducation, sa culture, son milieu, son passé. C’est pourquoi il faut l’écouter pour tenter de le comprendre et de lui faire rectifier sur mesure ses fantasmes, afin de juger du moment où il sera capable d’accepter la vérité.

La dernière partie de l’ouvrage est consacrée aux problèmes pratiques, tels que le refus de soins. Les causes en sont variées, dépression, lassitude du traitement, peur d’effets secondaires tels que la chute des cheveux. Que le malade puisse les exprimer et permette de l’aider à en analyser les raisons profondes peut faire céder spontanément le blocage. La crainte de punitions de l’au-delà pour infraction à des règles religieuses est très difficile à surmonter, comme c’est le cas pour les Témoins de Jéhovah. Mais il est souvent possible de trouver des solutions alternatives.
Les urgences posent des problèmes difficiles, lorsque la vie du patient est en jeu. Sauf s’il est inconscient, on ne peut le traiter contre son gré, la seule ressource est l’art de la négociation. Mais si le refus est fait pour autrui, qu’un mari refuse qu’un chirurgien s’approche de sa femme qui saigne, déclarant "Si ma femme meurt, c’est Dieu qui l’a voulu", la force publique est parfois nécessaire pour maîtriser un forcené.

Le problème de la douleur et des antalgiques commence à s’apaiser, mais je me souviens du temps ou souffrir gagnait le ciel. Véritable Harpagon, la surveillante du service ne lâchait une unique ampoule de morphine qu’après de longues négociations. Elle récupérait et comptait les vides pour pouvoir renouveler son stock. En perdre une était un drame.

La relation médecin/malade s’humanise, mais beaucoup reste à faire. Ce livre clair éclaire la pensée de Spinoza et d’autres auteurs. Les professionnels de santé devraient le lire. Il les changerait peut-être un peu, pour leur propre bénéfice et celui des patients. Les malades capables de le lire pourraient trouver en eux- mêmes comment abandonner une attitude passive, une tristesse résignée ou révoltée, pour la joie d’un combat.

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