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mardi 18 février 2014

Vaccin anti HPV

Le Docteur de CHAZOURNES interpelle les médecins signataires de la ROSP

Vacciner plus pour gagner plus

La droite n’avait pas osé le faire, la gauche l’a fait : la vaccination antiHPV sera bientôt intégrée dans la Rémunération sur objectifs de santé publique (ROSP) [1].

Les médecins ayant accepté la ROSP vont donc magnifiquement redonner un peu d’espoir aux actionnaires des fabricants de ces vaccins, en perte de vitesse depuis les affaires H1N1, Gardasil® etc. Tous les moyens des firmes concernées n’auraient-ils pas été mobilisés pour influencer les plus hautes autorités de la république et permettre de rémunérer les médecins au service de leurs intérêts ? (Lire à ce sujet l’article de Philippe NICOT ici)

Nous vous rappelons qu’à propos de ce vaccin Gardasil® contre le cancer du col de l’utérus :
 les conséquences de la vaccination des jeunes filles sont inconnues et l’efficacité reste à prouver [2] : on risque pourtant de se lancer dans une expérimentation à grande échelle, ce qui pose un problème éthique majeur,
 le Haut Conseil de Santé Publique estime à moins de 20 % son efficacité tout HPV confondus chez les 16-23 ans (les études médico-économiques ont été faites sur la base de 70 % d’efficacité…),
 dans les études de références, il a été testé contre un faux placebo… puisqu’il contenait comme lui de l’aluminium [3] [4], lequel est pourvoyeur de maladies auto-immunes [5] [6],
 la présomption d’effets indésirables graves n’est pas à négliger [7] , sachant qu’il y a toujours des sous-notifications [8], lesquelles peuvent atteindre 90% dans certains pays,
 le fait de vacciner des femmes ayant déjà commencé leur vie sexuelle pourrait augmenter le nombre de lésions précancéreuses sévères [9] [10]
,
 ce vaccin est particulièrement cher et il constitue une dépense extrêmement lourde pour l’Assurance Maladie d’autant que le nouveau plan cancer qui vient d’être présenté, prévoit que son remboursement passe de 65 à 100% et que ce vaccin soit réalisé à grande échelle dans les collèges.
 il a été montré qu’une majorité de femmes pensent que le frottis devient inutile après vaccination [11], conséquence d’un sentiment de protection qui se révèle illusoire puisque le vaccin est beaucoup moins efficace que prévu . Ceci pourrait conduire à terme à une augmentation du nombre de décès par cancer du col, comme l’évoquait déjà le Comité Technique des Vaccinations dès 2007 dans sa séance du 9 mars [12].
 face à cette vaccination, les autorités de santé ont montré que la pratique régulière du frottis seul, a fait la preuve de son efficacité dans le dépistage des lésions pré-cancéreuses pour un coût beaucoup plus modique [13].

Les médecins signataires de la ROSP (jolis mots /maux ayant remplacé ceux de « contrat à la performance » pour édulcorer et rendre acceptable cette notion terrifiante de « performance » en médecine humaine), seront donc très prochainement les petites mains de l’industrie pour vacciner à tout vent et répondre ainsi aux objectifs du contrat qu’ils ont accepté de cautionner.

Imaginez un instant que la ROSP exista lors de l’épidémie de H1N1, quand le Médiator® avait l’AMM, quand le dépistage par le PSA était encore indiqué pour toutes ces prostates qui ne demandaient rien, quand les médicaments anti-alzheimer « devaient » être prescrits largement en cas de troubles de la mémoire. Tout cela aurait été du pain béni pour l’industrie.

Avec la ROSP, 100% des gagnants ont joué !

Une grande majorité de médecins s’est engouffrée dans ce dispositif dans la plus grande indifférence, insouciance, méconnaissance et irresponsabilité au regard d’une santé publique qui a bon dos mais qui ne va pas toujours dans le sens… de la santé du public ! Les médecins seront donc les complices bienveillants de ces scandales futurs et ne devront s’en prendre qu’à eux-mêmes quand enfin, ils ouvriront les yeux, car ROSP ou pas ROSP, les prescripteurs demeurent totalement responsables in fine de leurs prescriptions. Mais comme l y a une carotte à la clef, pourquoi s’en priver ? Comme l’écrit Lanja ANDRIANTSEHENOHARINALA dans sa thèse sur le sujet tout dépend de là où on place le curseur de sa propre indépendance …

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Par ailleurs, il va falloir que les médecins signataires du contrat à la performance nous expliquent comment ils osent avoir l’argent du beurre (la prime) sans respecter le contrat qu’ils ont « signé » (engagement à respecter les objectifs), et oser dire qu’ils ne feront que ce qui leur parait utile… Un peu facile et léger tout de même ! Car voilà une malhonnêteté intellectuelle qui ne peut tromper personne.

Les objectifs actuels de la ROSP allant changer, la nature même du contrat devient caduque. Il doit donc être renouvelé car il n’a jamais été question que la ROSP était un blanc-seing quels que soient les nouveaux critères inclus dans les objectifs à réaliser ; n’importe quel avocat se fera un plaisir de le confirmer.

Même si en théorie on ne peut revenir sur son adhésion (ce qui reste à vérifier puisque l’acceptation de ce « contrat » sans signatures, s’est faite… par omission !), nous invitons toutes les personnes concernées, voyant là un acte malveillant et trompeur de la caisse, à le dénoncer en demandant de sortir du dispositif ROSP par lettre recommandée avec AR à leur caisse d’assurance maladie.

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Tout cela est pitoyable et pourtant tout était écrit d’avance. Certains leaders syndicaux se pensant représentatifs de la communauté médicale ont mis dans le pétrin bon nombre de soignants, en signant pour eux l’inconcevable avec leur partenaire conventionnel. Il ne faudra pas ensuite s’étonner que les patients se détournent des médecins pour aller voir ailleurs…

Dr Philippe de CHAZOURNES, membre du conseil d’administration du Formindep sans lien ni conflit d’intérêt, ni avec l’industrie, ni avec l’assurance maladie

Pour en savoir plus : voir sur le site de Medocean

[1La ROSP est un dispositif qui permet ainsi à un médecin généraliste de toucher une rémunération de 9100 euros/an s’il atteint l’ensemble des objectifs dits de « santé » « publique » dont la vaccination antigrippale chez 80% des personnes âgées, le dépistage mammographique du cancer du sein pour 80% des femmes éligibles, l’observance de certains traitements...

[12Avis du Comité Technique des Vaccinations et du Conseil Supérieur d’Hygiène Publique de France, Séance du 9 mars 2007, p. 4 : « il serait possible que, si les femmes vaccinées se faisaient moins dépister, l’incidence et plus encore la mortalité du cancer du col de l’utérus augmentent, le vaccin n’étant pas efficace vis-à-vis d’environ 30% des cancers ».

[13GROUPE DE TRAVAIL SUR LA VACCINATION CONTRE LES PAPILLOMAVIRUS-COMITE TECHNIQUE DES VACCINATIONS-CONSEIL SUPERIEUR D’HYGIENE PUBLIQUE DE FRANCE-23 mars 2007. Page35 : « La mise en place d’un dépistage organisé dans certains pays nordiques (Danemark, Finlande, Islande, Norvège, et Suède) a permis une diminution importante (jusqu’à 80%) de l’incidence et de la mortalité de ce cancer. »

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  • dimanche 2 mars 2014 - par Dr. GUIRETTE RENE-ALAIN Repondre

    Le Docteur de CHAZOURNES interpelle les médecins signataires de la ROSP

    cher confrère, ayant adhéré au CAPI puis par omission de mon" plein gré" au ROSP je n’en reste pas moins d’accord avec ta position concernant ce vaccin Gardasil et autre. TOTALEMENT !

    Concernant les rémunérations j’ai refusé les objectifs de vaccination anti-grippe, la rémunération mammographie ainsi que d’autres rémunérations. Au final ça fait peau de chagrin et on peut être ROSP et resté libre. Je refuserai pareillement la rémunération Gardasil.
    Je ne refuse pas tout de la sécu et de leur objectifs même comptable, et je déplore cette attitude générale de cracher sur la maîtrise comptable. Je nous vois comme des artistes (la médecine est un art, bien sûr), des artistes bien choyés par une sacré nounou-sécu, et de sales gosses toujours à nous plaindre, des pseudo-libéraux salariés indirectement, puis de plus en plus directement par la sécu. Mais où avons nous rêvé que nous étions des professions libérales ???

    Pour revenir au vaccin antiHPV , aux mammographie inutiles, je me trouve interpeller par le fait que les hommes, EUX, on bien réussi à se protéger du dépistage débile par les PSA (auquel j’ai activement participé en mon temps). Les femmes, ELLES, restent de la chair à canon médical.

    Je profite à chaque fois pour faire remonter de l’information indépendante à mon délégué de sécu et aux médecins conseils qui me visitent, ceux-ci étant de plus en plus mal à l’aise.

    Bon, tant pis si j’ai des ennuis : " Hollande t’es un imbécile ! Tu ferais mieux d’étudier les dossiers aux lieu de favoriser tes copains actionnaires chez Sanofi."

  • dimanche 2 mars 2014 - par Dr Madie, membre de rien du tout. Repondre

    travailleurs indépendants ?

    Cher Philippe, chers confrères,
    Je regrette chez certains le vieux réflexe très français anti américain primaire(-médicament=labo=capitalisme), mais je loue la prudence des confrères(dont Mr De Chazournes). Mais méfions nous des excès et des erreurs voire du terrorisme dans les deux camps : ceux qui "chassent" les médicaments qu’ils pensent inutiles ou nocifs partent eux aussi chasser le lièvre avec des cartouches qui ne leur permettent pas de ramener perdrix ou sanglier...
    Bref, on peut tout de même pour l’instant continuer à exercer comme on veut, et voir arriver la prime que la Sécu veut bien nous verser - cela tant que des médecins évaluateurs ou autres ne viennent pas réduire encore plus la liberté de la pratique de notre ART (merci Mr Guirette pour ce rappel fondamental)
    Je signale qu’au moment où la ROSP nous a été présentée, j’ai demandé ce que devenaient les augmentations du C, et un silence pesant a précédé la déclaration que rien n’était prévu dans ce sens,Autant dire que cette prime compense finalement +/- cette carence ! Le principe de la Rosp est effectivement regrettable : constater que nous allons être "récompensés" sur nos comportements qui vont certainement changer au gré des études sur lesquelles la Sécu va se baser.
    Mais tout cela n’est peut être que tâtonnements nécessaires pour aller vers le mieux soigner le moins cher possible,non ?

  • samedi 22 mars 2014 - par Didier SEYLER Repondre

    Le Docteur de CHAZOURNES interpelle les médecins signataires de la ROSP

    Bonjour,

    Je suis en désaccord avec cette démarche d’amalgame entre différents sujets.

    Pour confirmer son opposition à un mode de rémunération (ROSP), on prend prétexte de la proposition de remboursement à 100% du vaccin contre l’HPV et de son intégration à la ROSP.
    Pour s’opposer au vaccin anti HPV, on prend prétexte d’hypothèse sur son adjuvant (du moins pour un des deux vaccins, puisque leurs adjuvants sont différents) qui est présenté comme une donnée acquise de la science alors qu’il n’en est rien … à ce jour.
    On présente des données comme des « révélations » (efficacité, intérêt prioritaire du frottis de dépistage, etc.) alors qu’elles figurent depuis le début dans les avis du HCSP et autres différents texte qu’il suffit de prendre le temps de lire et d’analyser.

    La discussion sereine et pluridisciplinaire (fondement d’une démarche de santé publique) tourne systématiquement au pugilat dés lors que l’examen des données scientifiques ne sont pas interprétées dans un sens « anti ». Le contradicteur est soit acheté par l’industrie, soit absolument nul à lire les données scientifiques et à repérer le b-a-ba des conflits d’intérêts des publications qui ne sont pas « anti », ou incapable de voir qu’il est manipulé, et en plus feignant parce qu’il ne va pas aller sur injonction rechercher des références pour se justifier (ce qui nécessite au moins plusieurs heures).

    Au bout du compte, on envoi un message de confusion vers la communauté médicale et vers la population, un message globalement antivaccination (bien sur « on » précise que l’on est pas contre), mettant globalement en cause la confiance envers les autorités de santé et la science, alors que notre société est dans un état de fragilité importante et que l’alternative à notre système de démocratie faible n’est pas une démocratie forte, mais plus de démocratie du tout.

    Je ne sais pas si je vais être compris ? Je suis pour le débat, et la critique, et la distribution des « baffes » et des « coups de pieds au c.. » particulièrement vers nos « élites », mais pas pour travestir le débat dans la confusion, entre débat scientifique d’un coté et débat politique de l’autre, où en faisant semblant de débattre parce que quelque soit les arguments avancés, jamais sa position ne changera parce qu’elle est fondée sur une représentation idéologique d’un problème.

    Si je reviens à la vaccination contre l’HPV, ma position personnelle sur ce vaccin a évoluée depuis 6 ans, parce que les données scientifiques ont évoluées, et en terme de sécurité (voir notamment les données du plan d’évaluation des risques sur le site de l’ANSM), et en terme d’efficacité, certes pas dans les mêmes niveaux de preuve.

    Il n’y a pas d’étude clinique d’efficacité clinique dans le dossier d’AMM ? Oui et alors ? Dans ce cas précis il est impossible de faire une étude d’efficacité pour une maladie qui pourrait être prévenue par une intervention (le vaccin) 15 à 20 plus tôt ! Cela est vraie pour un tas de médicaments et notamment un tas de vaccins. Le vaccin contre le méningocoque B ne dispose d’aucune étude d’efficacité clinique, mais à obtenu son AMM en Europe et en Amérique du Nord. Il n’est d’ailleurs pas recommandé (sauf situations exceptionnelles) par le même HCSP que celui qui a rendu des avis sur les vaccins contre les HPV. Les vaccins contre le tétanos ou contre la fièvre jaune pour d’autres exemples plus anciens ne disposent d’absolument d’aucune étude d’efficacité clinique. Faut-il arrêter de vacciner contre le tétanos ? Contre la fièvre jaune ? Si demain, on met au point un vaccin contre le SIDA (cela m’étonnerait), il ne sera pas possible de faire une étude d’efficacité clinique … On l’interdira ? Qu’en penseront les associations de malades ?

    Je ne détaille pas les autres arguments parce que je pense que cela ne sert à rien présentement. Rien de la genèse détestable de l’arrivée de ce vaccin en France n’est modifiée. Le vaccin demeure un complément du frottis de dépistage qui reste l’outil principal de lutte contre le cancer du col de l’utérus. Je pense que le frottis devrait être remboursé à 100 % et que les frottis prescrit hors recommandation par un nombre important de généralistes et de gynécologues devrait être totalement déremboursés. Je pense que tous les vaccins recommandés par le calendrier vaccinal officiel devrait être remboursés à 100%, ce qui inclus le vaccin HPV (et pas comme aujourd’hui seulement la grippe et le ROR).

    Si je prend le temps d’écrire ce texte un samedi matin, ce n’est pas parce que j’ai accepté quelques repas (je dirais au maximum 5 à 6 sur les 5 dernières années) de la part de Sanofi ou de GSK (producteurs des deux vaccins contre les HPV). Je n’ai pas d’autres liens d’intérêts avec Sanofi et GSK (voir DI sur sur sites du HCSP et HAS). Mais parce que je connais personnellement beaucoup des signataires de la pétition présentée par notre confrère de Chazournes, et que cela me rend triste non pas de ne pas partager la même opinion, mais d’avoir le sentiment d’un travestissement de leurs militantismes aux conséquences sociales et politiques dangereuses.

    Dr Didier Seyler, médecin spécialiste en médecine générale, médecin vaccinateur.
    Marseille 22 mars 2014

    • lundi 24 mars 2014 - par Philippe FOUCRAS Repondre

      Le Docteur de CHAZOURNES interpelle les médecins signataires de la ROSP

      Didier Seyler exprime son désaccord avec ce qu’il ressent comme un amalgame, un « message de confusion » entre des positions scientifiques et soi-disant politiques. Dénoncer le ROSP parce qu’il favoriserait des pratiques non validées scientifiquement procéderait selon lui de la confusion.

      Accusant le thermomètre de provoquer la fièvre, il reprend le discours des autorités et des industriels réunis, pour expliquer que la remise en question d’une vaccination, pour laquelle les données sur son intérêt sont controversées, nuirait à la confiance des populations envers les autorités et serait donc anti-vaccinale, entendez par là : sectaire et antiscientifique, même si, précise-t-il, les auteurs s’en défendent. Selon Didier Seyler, la remise en cause de la confiance viendrait donc non pas des scandales eux-mêmes mais de ceux qui les dénoncent.

      Puis Didier Seyler se demande si ceux qui s’interrogent sur la pertinence d’un vaccin au prix exorbitant, à l’efficacité réelle inconnue, pour un problème marginal de santé publique dans les pays riches et pour lequel des solutions fiables et efficaces existent déjà, ne remettraient pas en question dans la foulée la vaccination antitétanique, ou contesteraient une vaccination efficace contre le SIDA, si elle devait apparaître. Des anti-vaccinaux, vous dit-il !

      Ces propos semblent des copiés-collés des « éléments de langage » corédigés par l’industrie, les autorités sanitaires et les experts. Didier Seyler les récite à son tour sans discernement ni recul. Pour les connaisseurs, ils rappellent la teneur des courriels que s’échangeaient entre eux les leaders d’opinion de l’AFSSAPS, au moment où Irène Frachon tentait de faire éclater la vérité sur le Mediator.

      Il y a un moment où l’invective et la récitation de la propagande industrielle et ministérielle comme seuls argumentaires, ça suffit.

      Didier Seyler dit qu’il a évolué sur la vaccination anti-HPV. Il ne précise pas dans quel sens, mais on comprend qu’il s’agit d’une évolution favorable à cette vaccination. Il estime, et on lui fera crédit de sa sincérité, qu’il a évolué sur la base d’arguments scientifiques.

      La réalité ne serait-elle pas qu’il a évolué principalement sur la base de la fréquentation régulière, au sein du HCSP dont il est membre, des leaders d’opinion industriels, et de ses liens avec l’industrie qui, l’un comme l’autre lui ont octroyé la reconnaissance professionnelle qu’il estime justifiée par ses compétences ? Le voilà maintenant devenu membre de la famille de l’expertise, adoubé par ses pairs. Autant de fréquentations et de petites compromissions au fil du temps qui finissent par constituer un bain inconscient et soporifique, où l’ego trouve une satisfaction temporaire mais qui lui semble légitime, mais qui, au bout du compte, flétrit la réflexion, avachit la vigilance, endort l’esprit critique.

      Rappelons que Didier Seyler a été dans les années 90 un des fondateurs du SNJMG, syndicat des jeunes généralistes, faisant le choix de l’indépendance vis-à-vis de l’industrie. Puis il a été un des dirigeants de l’Association Mieux Prescrire, gestionnaire de la revue Prescrire. Après quelques années passées dans les services médicaux des ambassades puis comme médecin conseil de la sécu, il semble enfin avoir trouvé sa voie dans la vaccinologie, et par là-même une reconnaissance tant attendue que méritée, en tant que chef du service des vaccinations de la ville de Marseille et surtout membre du HCSP, http://www.hcsp.fr/Explore.cgi/personne?clef=1355 . Le Haut comité de santé publique, autorité sanitaire lente à la transparence (il a fallu qu’en son temps le Formindep rappelle à cet organisme son obligation de publication des conflits d’intérêts de ses membres pour qu’il se décide à les publier tardivement après les autres autorités sanitaires), et sous influence industrielle notoire, comme l’a révélée la tragico-comique affaire de la grippe H5N1 et de son inutile vaccin.

      Bref, de militant de l’indépendance de la médecine, il est devenu progressivement leader d’opinion vaccinal. Les vaccins « avenir de la Pharma », comme le titrait avec gourmandise il y a quelques années la revue Pharmaceutiques, organe du syndicat de l’industrie pharmaceutique. Les vaccins, marché rêvé et absolu, puisque le marché vaccinal est par définition celui des gens en bonne santé, c’est à dire l’ensemble de la population. Un directeur des vaccinations d’une grande ville, aux antécédents de défenseur de l’indépendance, voilà un bon client pour le leadorat d’opinion aux yeux du marketing industriel !

      Didier Seyler me faisait part début 2009 de son désarroi devant la façon dont le HCSP, dans lequel il venait de rentrer, gérait les conflits d’intérêts. Il se demandait avec humour s’il n’allait pas créer un club des experts sans liens d’intérêts au sein du HCSP.
      En 2014, Didier Seyler ne déclare de façon anecdotique que « quelques repas » avec des firmes vaccinales, repas dont on sait qu’il n’ont bien sûr aucune influence sur les comportements des invités, raisons pour lesquelles les firmes les organisent d’ailleurs. La visite du site Sunshine de l’ordre des médecins permet de découvrir qu’il a bénéficié en outre de près de 900 euros de financement de PFIZER en 2013, pour participer en toute indépendance bien sûr aux « Ateliers de la vaccination » à Paris (dans sa DPI du site de l’HCSP, il évoque cette invitation en tant que frais de déplacement).

      Ainsi être employé pour développer et promouvoir la vaccination au sein d’une grande ville, fréquenter et tisser des relations, certaines devenues probablement amicales, au sein d’une « autorité sanitaire » française, avec des leaders d’opinions liés à l’industrie, recevoir repas et invitations de la part de firmes vaccinales, être invité à des congrès qui au prétexte de « nouer de fructueux contacts » sont essentiellement des lieux de rabattage pour l’industrie, permet de devenir en quelques années, lentement mais sûrement, un véritable « expert » de la vaccination. Il est probable que Didier Seyler estime que cette reconnaissance n’est que le fruit de son mérite et de son travail et que, fort de son passé militant, il sait rester vigilant au milieu de ces influences, amitiés, relations, pour préserver sa liberté de jugement, sa rigueur scientifique et son esprit critique. Pour Didier Seyler, comme pour les autres experts dans le même cas, sa position actuelle ne constitue sans doute en rien un conflit d’intérêts majeur qui pourrait biaiser son jugement, mais elle est au contraire un gage de compétence et de qualité. Les données de la littérature qui depuis 30 ans mettent en évidence les risques sanitaires liés à cette expertise sous influence, ne concernent apparemment pas plus Didier Seyler, que tous les autres experts industriels d’ailleurs : l’indépendance n’est elle pas un gage d’incompétence, comme le rappelait Daniel Vittecoq, ancien président de la commission d’AMM de l’AFSSAPS ?

      Il s’agit pourtant bien hélas de cette expertise nocive à la santé publique, qui fait carrière sous le giron industriel, et qui irrigue de façon toxique les autorités sanitaires européennes et françaises, et est responsable des scandales sanitaires récents. Il s’agit de cette expertise dont la dangerosité est avérée en santé publique. Il s’agit de cette expertise qui renvoyait autrefois avec mépris, arrogance et suffisance, Philippe-Ignace Semmelweis lorsqu’il tentait de démontrer qu’il fallait se laver les mains avant d’opérer. Il s’agit de cette expertise industrielle que le Formindep appelle à être chassée des institutions sanitaires publiques pour être remplacée par une véritable expertise sanitaire publique, dédiée au service du seul intérêt général.

      Tout cela est affligeant. Mais le comble est atteint lorsque Didier Seyler s’attriste de trouver des noms qu’il connaît dans la liste de signataires d’un appel à une commission d’enquête sanitaire par les élus de la République (où est le problème en démocratie, à moins qu’il ne s’agisse à nouveau d’amalgame ?), et que c’est cette tristesse qui l’amène à prendre le temps de s’exprimer un samedi matin. Eh oui ! Nombre de ceux que Didier Seyler a connu en d’autres temps ont su rester fidèles aux objectifs éthiques qui les animent, ont su se protéger du bain industriel, commercial et politique qui imprègne maintenant, à son insu peut-être, - mais est ce une excuse pour un professionnel de son niveau ? -, sa pensée, ses réflexions, ses pratiques. Nombre de ceux qu’il a connu n’ont pas trahi leurs idéaux, effectivement. Mais est-ce si triste ?

      • mercredi 26 mars 2014 - par Didier SEYLER Repondre

        Le Docteur de CHAZOURNES interpelle les médecins signataires de la ROSP

        Cher Philippe, Cher confrère, Monsieur le Procureur,

        C’est vraiment trop d’attention d’avoir rappelé une partie de mes atcd personnel et le fait que j’ai honteusement abandonné la médecine libérale pour un exercice salarié dans un service public, certes mal rémunéré, ce qui fait que je suis très probablement fragilisé par les puissances de l’argent. Il manque à ton réquisitoire une expertise psychiatrique (quoique il y a manifestement une certaine ébauche) et les témoignages à charges de mes proches. Bien heureusement la peine de mort n’existe plus, et je ne risque donc que la condamnation à vie pour avoir oser émettre une opinion différente de celles de plusieurs de mes « amis ». Ai-je le droit de me défendre ? Ai-je été injurieux ? Ai-je dit que notre confrère de la Réunion, où les signataires étaient antivaccinations ? Ce que j’ai dit c’est que le résultat des amalgames alimente l’ambiance antivaccinations. J’ai essayé de faire réfléchir, et tu réponds en essayant de me salir. Toi qui pourtant, a souvent été l’objet d’attaques personnelles ; le syndrome de « Mon oncle d’Amérique » est donc toujours d’actualité !

        « Amalgame » n’est pas un terme injurieux (le mot « amalgame » désigne le fait d’associer abusivement des personnes, des groupes ou des actions de nature différente.), et donc pas une « invective » (paroles violentes et injurieuses contre quelqu’un ou contre quelque chose. Entre deux controversistes, il y a cent à parier contre un, que celui qui aura tort se fâchera. — (Denis Diderot, Pensées philosophiques, Texte établi par J. Assézat, Garnier, 1875-77) )

        Oui je pense qu’il y a un amalgame entre plusieurs sujets de natures différentes dans cette pétition. Oui je pense, que mettre en avant de façon astucieuse la dangerosité supposés de l’adjuvant aluminique, alors que nous n’avons aucune preuve scientifique à ce sujet et que la quasi-totalité des vaccins inertes contiennent cet adjuvant est de nature à provoquer une sérieuse désaffection des vaccins contenant cet adjuvant bien au delà du vaccin HPV.

        La question de la méthode est à mes yeux importante :

        La littérature internationale est actuellement si abondante, qu’il est possible sur un grand nombre de sujets de trouver des articles répondant aux critères de qualité disant exactement le contraire l’un de l’autre. Comment faire alors pour se faire une idée pour la clinique et ses patients ? Si les publications de synthèse comme Cochrane ou la Revue Prescrire qui pour moi sont des références et d’excellents outils (voir les avis de Prescrire sur les vaccins HPV), les recommandations « officielles » des États comme la France, avec toutes leurs imperfections, toutes leurs limites et tous leurs atcd de « scandales » sont assurément les recommandations les moins pires qui existe ! Car qu’elle serait l’alternative ? Les recommandations d’une société savante ? D’un blog de tel ou tel docteur médiatisé ou pas ? Du grand Professeur Machin ? D’une association de malade ou du Formindep ? Etc ? Des recommandations aux sources différentes pour chaque sujet, pour chaque vaccin ? Je crois en l’action de la puissance publique ou plutôt je pense qu’elle est la moins pire dans notre domaine, tant que nous restons un pays à peu prêt démocratique et en paix.

        Je pense aussi qu’en tant que médecin, et plus encore pour les médecins responsables d’associations professionnelles, dans l’obligation d’être attentif à nos responsabilités sociétales, éthiques, économiques, politiques, c’est à dire notamment d’être attentif aux conséquences de nos actes et de nos prises de positions dans la société.
        Par exemple serait-il raisonnable et responsable de promouvoir la fin des obligations vaccinales DTP (ce qui est ma position) alors que notre « puissance » publique est tellement faible qu’elle serait incapable d’un accompagnement fort pour promouvoir ces vaccinations à enjeux collectifs, et que cela aboutirait certainement à une recrudescence des décès au bout de quelques années ...
        Certaines polémiques me semble marginale au regard des enjeux sociétaux. Elle ne font que déstabiliser notre société très fragilisée par les additions de crises qui la secoue, sans perspective réelle de fortifier la démocratie. Gardasil° n’est pas égal au Médiator° ou au éther de glycol ! Ou au tabac … etc. Est-on persuadé que de ce style de « polémique » puisse renforcer notre démocratie affaiblie pour la rendre plus forte ? Je crains au contraire que nous le l’affaiblissions encore plus. Alors ne jamais rien contester, ne plus rien dénoncer ? Non, mais faire des choix plus pertinents oui !

        Concernant le vaccin HPV, lorsque je dis que ma position a évoluée, cela ne veux pas dire que je suis favorable sans réserve à ce vaccin. Que les conditions d’obtention de la remboursabilité et de la recommandation (obtenu avant la mise en place du HCSP) soit opaque, que le marketing des premières années du genre matraquage, ne constituent pas néanmoins un élément de présomption de mauvais vaccin, de même que les incroyables campagnes des années 90 pour le vaccin hépatite B ne constitue une présomption de non intérêt de ce vaccin ! Les manchettes médiatiques font état de problème de sécurité et d’effets secondaires graves, ce qui contre-dit frontalement les données scientifiques actuelles. Les discussions de santé publique interrogent plutôt sur la partie utilité et efficacité du vaccin avec les mêmes arguments qu’au début de l’arrivée du vaccin. Au Canada et en Australie où les couvertures vaccinales sont élevés, le temps de recul semble étayé une certaine efficacité du vaccin et une absence de modification écologique des infections. Semble ...
        Je redis donc que « le vaccin demeure un complément du frottis de dépistage qui reste l’outil principal de lutte contre le cancer du col de l’utérus ».
        Enfin, les études que j’ai lu parle plutôt d’un risque d’aggravation des inégalité sociales en raison du tarif du vaccin c’est à dire du « reste à charge » faisant que les filles des femmes ne faisant pas le frottis sont celles qui ne font pas le vaccin (même si l’élément financier n’est pas le seul). Et je ne pense pas que le décès de 500 à 600 femmes chaque année en France soit un problème de santé publique marginale.

        Confraternelles salutations cher Philippe, cher confrère et Monsieur le Procureur
        Dr Didier Seyler, médecin spécialiste en médecine générale, médecin vaccinateur.
        Marseille 26 mars 2014

  • jeudi 27 mars 2014 - par Gilles Menu Repondre

    Le Docteur de CHAZOURNES interpelle les médecins signataires de la ROSP

    Si un jeune de 20 ans est mort de la grippe A parce que sa mère lui a déconseillé de se faire vacciner en écoutant la radio de l’époque et si on lui demandait maintenant s’il le regrette, on aurait la réponse, de sa part, à toutes ces argumentations scientifiques. Mais statistiquement, il y a plus de jeunes de 20 ans qui ne sont pas morts et leur mère peut se réjouir de les avoir bien conseillés.
    Parce que les médecins, même d’avis différents, sont bien incapables d’avoir un avis consensuel...en pesant le pour et le contre. Pour la grippe, si elle avait eu les ravages de la grippe espagnole, le consensus aurait eu lieu.... à postériori. Comme pour le sang contaminé. Parce que la Médecine est une logique floue.
    Comme je suis totalement incompétent, j’ai plus tendance à faire confiance aux experts reconnus de la grippe, et qui n’ont aucune envie de prendre des avis contraires à leur conscience et leur compétence, même s’ils se font rétribuer, et c’est normal, pour cette expertise, par l’industrie pharmaceutique. Et je considère qu’ils n’ont pas de facto, un conflit d’intérêt.
    Je ne crois pas que ce soit mieux de faire appel à d’autres experts qui ont moins de compétence reconnue sous prétexte qu’ils n’ont jamais travaillé pour le laboratoire concerné. J’aurai l’impression même que c’est l’inverse.
    Cela me donne l’impression qu’il y a autant d’avis que de médecins. Tout le monde à l’impression d’avoir raison, sauf le jour où un gosse de 20 ans meurt quand son médecin n’a pas conseillé le vaccin : là personne ne s’en vanterait. Mais je le répète, statistiquement, il y a plus de chances que rien ne se soit passé même chez les médecins qui n’ont pas conseillé le vaccin. Pour info, je n’ai pas eu de grippe A grave dans ma patientèle.

    Bref, incompétent, je fais confiance à ceux qui ont la mission de nous dire en ayant pesé le pour et le contre.

    Et pour info, je n’ai pas rospé, pour quelque critère que ce soit.

    • vendredi 4 avril 2014 - par Dominique Dupagne Repondre

      Le Docteur de CHAZOURNES interpelle les médecins signataires de la ROSP

      Bonjour
      Cher confrère, il est très important pour l’industrie pharmaceutique que de nombreux confrères pensent exactement comme vous.
      C’est pour cela qu’ils continuent à entretenir des armées de KOL (Key Opinion Leader)

  • dimanche 6 avril 2014 - par Philippe Adrien Repondre

    Le Docteur de CHAZOURNES interpelle les médecins signataires de la ROSP

    Le débat sur le vaccin HPV ne peut que s’inscrire dans un débat plus large, qui relève méthodologiquement de la santé publique, et qui concerne la prévention du cancer de l’utérus. Sur ce sujet, quelques éléments sont établis :

     la prévention vraiment efficace est une prévention secondaire, qui vise à dépister par le frottis et traiter rapidement les lésions prémonitoires d’un cancer.
     nous n’avons pas de chiffrage précis et définitif de la prévention primaire par le vaccin, mais des arguments raisonnables permettent de penser qu’elle est autour de 40% à 20 ans, sans présumer du maintien de cette valeur au-delà de 20 ans, en l’absence de rappel vaccinal.
     La prévention par frottis nécessite d’examiner à intervalle régulier l’ensemble de la population cible. Au risque de fâcher, il faut affirmer que, dans notre système français, tel qu’il est, c’est un objectif irréaliste. Trente ans d’expérience permettent d’affirmer que confier ce dépistage à un système de médecins libéraux payés à l’acte ne peut pas fonctionner. La systématisation du dépistage nécessite de gros moyens logistiques et financiers pour atteindre l’ensemble de la cible (convocations, suivi des effectifs et relances, moyens mobiles, déplacements dans les entreprises, etc..), mais en revanche, il n’est aucunement besoin d’être médecin ni pour pratiquer un frottis ni pour lire une lame. De ce côté, la lecture numérique des frottis a largement fait ses preuves, et seuls quelques cas douteux nécessitent encore l’avis d’un pathologiste.
     le grand risque du vaccin, bien rappelé par le Dr Seyler, est de diminuer l’incitation au frottis. Dans un monde idéal et sans considération économique, le vaccin ne devrait intervenir qu’en seconde place, pour bloquer les "cancers de l’intervalle" survenant entre 2 dépistages, assez rares, mais souvent foudroyants.

     néanmoins, il est nécessaire à ce stade de faire intervenir l’économie ; l’économie médicale est une composante fondamentale de l’éthique médicale, car elle impose de fait une hiérarchisation des choix en fixant les limites du possible. En pratique, le vaccin coute 300 euros (2 injections suffisent) pour 20 ans de protection avec 40% d’efficacité. Le dépistage "à la française" coute sur la même durée 10 consultations+ frottis + labo de biologie + traitement des lésions dépistées, c’est-à-dire nettement plus cher, mais pour une efficacité approchant les 90% sur la population ayant suivi la totalité du parcours (les performances se dégradent nettement si on loupe des épisodes). Le rapport cout/efficacité en terme de cancer prévenu est finalement du même ordre.
    On peut également noter que le prix du vaccin n’ayant qu’un rapport éloigné avec son cout de production, une négociation soutenue devrait permettre de l’obtenir à un prix très inférieur dans le cadre d’une généralisation et d’un achat public massif, quitte à le déclarer d’intérêt public et le faire fabriquer d’autorité.

    MAIS le problème de santé publique est : si on quitte la question individuelle et qu’on se place d’un point de vue populationnel, comment maximiser le résultat sur toute la population cible ?? Est-il possible d’offrir à une fraction significative des femmes françaises un parcours complet de dépistage : la réponse est clairement non. Seule une toute petite partie des femmes françaises subira tout le processus.
    Bien sûr, un certain nombre de stakhanovistes parmi les lecteurs pensent y arriver, mais je leur assure qu’ils se font des illusions (une partie importante de leur patientèle ne va pas les suivre pendant l’entièreté du parcours), et que de toutes les façons leur pratique n’est pas représentative de celle de leurs collègues. De plus, il est patent qu’une telle politique est source d’inégalités sociales majeures. La vaccination individuelle, initiée par le médecin traitant ou les parents, ne fonctionne pas mieux.
    En revanche, une politique volontariste de vaccination gratuite à l’école peut assurer un taux de couverture très important et socialement neutre. De plus, elle est effectivement réalisable.

    AU total, on parle d’une action efficace à 40% chez 95% des femmes et d’une autre efficace à 90% chez 10% des femmes. On prévient donc 38 cancers avec la première pour 9 avec la seconde. On peut modifier les estimations selon les informations disponibles, mais c’est la méthode à utiliser pour raisonner.

    De ce fait, dans le cadre d’une politique de santé publique, il peut être paradoxal, mais pragmatique, de soutenir que la vaccination sera in fine plus efficace que le dépistage. On parle ici de politiques applicables actuellement, sans action volontariste sur le fonctionnement du système de santé. À moins, bien entendu, d’imaginer réformer le fonctionnement du dépistage à la française pour le transformer en vrai dépistage de masse. Rêvons un peu, ceci pourrait être un vrai débat, digne du Formindep.

    Mais venir inclure dans ce débat des arguments irrationnel comme celui de la toxicité du vaccin, c’est brouiller les pistes, et comme le dit le Dr Seyler jouer le jeu des idéologues anti vaccins sans rien apporter au débat. Par ailleurs, si on n’accepte pas de modifier le dépistage à la française et son inefficacité flagrante, discourir ad libitum sur l’inefficacité du vaccin n’est pas rendre service à la politique pragmatique qui seule peut nous servir de roue de secours.