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jeudi 31 janvier 2008

Article de Philippe MASQUELIER publié dans la revue Pratiques n° 39

La proximologie, l’Espace Ethique de l’AP-HP et la firme NOVARTIS

Quand l’éthique médicale se laisse instrumentaliser par le marketing pharmaceutique

Avec l’exemple de la "proximologie", le marketing de firmes pharmaceutiques comme Novartis invente des concepts éthiques redondants pour mieux instrumentaliser professionnels de santé et associations de patients. Ignorants de la notion de conflits d’intérêt, des organismes publics d’éthique médicale, parmi lesquels le prestigieux Espace Ethique de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris relaient et cautionnent ces initiatives.

Les firmes pharmaceutiques s’engagent de plus en plus dans ce qu’elles présentent comme un engagement éthique au service des patients et de leur entourage .

Ainsi on peut lire sur le site Age Village à propos du "Manifeste de proximologie" écrit par Hugues JOUBLIN :
"La proximologie est la démarche de recherche dans laquelle s’est engagé Novartis , sous l’impulsion d’Hugues Joublin, directeur exécutif du groupe, en France ,avec la participation d’experts des sciences humaines et sociales. Le but est d’approfondir la connaissance de la « relation d’exception entre la personne malade et son entourage » et de contribuer à éviter le risque de désengagement qui pèse sur notre cohésion sociale. Avec son manifeste de proximologie « Réinventer la solidarité de proximité » Hugues Joublin appelle à comprendre, valoriser et aider lesproches des personnes malades ou dépendantes.
"

La firme Novartis développe des outils de communication à destination des utilisateurs de soins et des professionnels de santé, investit dans des enquêtes importantes dont les thèmes recouvrent les domaines des intérêts commerciaux de l’entreprise. Ainsi à la page « Etudes de proximologie » du site proximologie.com de Novartis Pharma, on retient les travaux réalisés ou en cours :

  • Etude COMPAS menée auprès des conjoints de patients parkinsoniens ; et Novartis commercialise comme traitement de la maladie de Parkinson : Comtan® , Stalevo®.
  • Etude PIXEL menée auprès de l’entourage des patients atteints de maladie d’Alzheimer ; et Novartis commercialise comme traitement de la maladie d’Alzheimer : Exelon®.
  • Etude CODIT menée dans l’insuffisance rénale chronique terminale auprès des conjoints de personnes transplantées ou dialysées ; et Novartis commercialise contre le rejet de greffes : Neoral®.
  • Etude TRILOGIE menée auprès des parents d’enfant épileptique ; et Novartis commercialise comme traitement de l’épilepsie : Trileptal®.
  • Etude FACE menée auprès des conjoints et enfants des femmes atteintes d’un cancer du sein ; et Novartis commercialise dans la prise en charge des cancers : Aredia®, Navoban® et Fémara®.
  • Etc.

L’investissement éthique de la firme Novartis à travers la proximologie se limite au périmètre de prescription de ses produits. Il est donc licite de considérer cette action comme plus proche du marketing [1] que de l’éthique où de la compassion, et elle s’inscrit dans la stratégie de communication des firmes.

La stratégie de communication des firmes vers le grand public

Une étude du groupe Eurostaf [2] sur la communication grand public des firmes pharmaceutiques met en évidence les nouvelles tendances marketing qui considèrent le patient comme une cible marketing à part entière, qui doit à ce titre être touché par la communication des firmes pharmaceutiques. La législation actuelle rend difficile un tel objectif et des stratégies de contournement de la réglementation sont mises en place. Parmi celles-ci, l’étude d’Eurostaf identifie : les campagnes pathologies, des partenariats avec les associations de patients, du marketing de services sur une pathologie en particulier, le développement de sites internet destinés à informer sur une maladie, etc.
Nous pourrions rajouter la communication « éthique », avec le site de proximologie de Novartis et le soutien aux institutions…

Bien sûr, on pourra opposer que rien n’empêche le directeur de la communication d’une firme pharmaceutique de s’intéresser, peut-être même de façon sincère, à la question des relations entre les malades et leurs proches [3]. Mais ne perdons pas de vue qu’une firme pharmaceutique a comme premier intérêt le développement et le profit dont elle doit rendre compte à ses actionnaires. L’engagement financier significatif de Novartis dans la réflexion sur la solidarité de proximité n’est pas réalisé sans attente d’un retour sur investissement ; il a pour objectif la croissance des volumes de vente dans les domaines de son engagement. Il s’arrêtera quand les intérêts financiers de Novartis seront en jeu.

Novartis par son engagement se présente comme partenaire de soins, il investit le champ de la relation au malade et à son entourage. L’éthique médicale présuppose que la personne malade est sujet et non pas objet de soin, que le soignant doit avoir comme premier intérêt le soin de la personne malade. Le premier intérêt d’une firme pharmaceutique est son développement propre et c’est pour cela qu’il ne peut être partenaire de soins. Le conflit d’intérêt est ici majeur.

L’éthique médicale au service du marketing

L’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris et son Espace Ethique, le Département de recherche en éthique de l’Université Paris-Sud 11, entretiennent des liens étroits avec la fondation Novartis, et avec le directeur de la communication de Novartis :

  • soutien financier d’ « ateliers éthiques » [4] ;
  • colonnes ouvertes pour diffuser le concept de proximologie créé par la firme Novartis [5] ;
  • participation de Novartis à l’enseignement universitaire de l’éthique, dont le Directeur de la communication de Novartis qui est chargé de cours [6] ;
  • soutien d’Emmanuel HIRSCH, Directeur de l’Espace Ethique de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris à la promotion du concept de proximologie, au travers d’une interview video en ligne sur le site de la firme. Cette interview à disparue queques semaines après la rédaction de l’article...

Il est surprenant qu’une institution chargée d’explorer et d’enseigner l’éthique médicale ne s’interroge pas sur l’ambiguïté de son soutien à la démarche marketing de la firme Novartis. L’AP-HP ne peut savoir s’il se met au service des patients ou au service du marketing des firmes. Ce soutien crédibilise aux yeux des citoyens et de la société l’initiative marketing de Novartis, il contribue à améliorer l’image de la firme et par là à augmenter son pouvoir d’influence auprès des professionnels de santé.

Manifestement l’Espace Ethique de l’AP-HP, comme le Département d’éthique de l’université Paris-Sud 11, ne prennent pas suffisamment en compte le concept de conflit d’intérêt dans leurs réflexions sur l’éthique médicale.

Post Scriptum :

Les liens et notes ont été actualisées le 06/08/2009

[1voir le document : Baromètre 2006 Unilog Management & HEC Paris - "Efficacité marketing dans l’industrie pharmaceutique", page 4. On peut y lire un des objectifs marketing :
" Renforcer la communication vers les patients :

  • Enquêtes épidémiologiques de grande envergure avec accompagnement de patients.
  • Accompagnement de l’entourage du patient (proximologie). (sic !)
  • Investissement dans la presse grand public."

[2« La communication pharmaceutique grand public en France », étude publiée par Eurostaf en avril 2004.

[3Programme de la Première journée universitaire de recherche en éthique : présentation du concept de proximologie par le directeur de communication de la firme Novartis.

[4[Sponsorisation par la Fondation Novartis du "Premier atelier de réflexion éthique et cancer"
et texte de conclusion de l’atelier par le Directeur de la communication de Novartis (p 94-95 de cet atelier).

[5voir note 4

[6On relève la présence de deux représentants de la firme Novartis dans la liste des enseignants du département de recherche en éthique de l’Université Paris-Sud 11, dont le Directeur de la communication de Novartis.

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  • mardi 5 février 2008 - par Emmanuel Hirsch Repondre

    La proximologie, l’Espace Ethique de l’AP-HP et la firme NOVARTIS

    Monsieur,
    Votre propos relatif aux inféodations de l’Espace éthique/AP-HP à la proximologie et à la firme Novartis en particulier auraient gagné - d’un point de vue journalistique - à approfondir les multiples formes de collaborations développées à travers les années par ce laboratoire avec des partenaires institutionnels et associatifs qui ont ainsi installé la proximologie de manière incontournable et durable dans le contexte des pratiques soignantes.
    Il aurait été me semble-t-il utile à votre public de professionnels de disposer de quelques données factuelles relatives à la proximologie, à moins que vous vous rangiez parmi ceux qui considèrent, aujourd’hui encore, le proche hors du champ des soins. Mais également de renouveler votre approche de la notion de "conflits d’intérêt" dans le champ de la santé. Elle ne peut se satisfaire des simplifications convenues et mérite un véritable effort d’investigaton : il aurait pu rendre votre propos plus instructif.
    Les centaines de professionnels et membres d’associations qui participent aux formations et événements organisés par l’Espace éthique/AP-HP chaque année me semblent bien placés pour critiquer, si nécessaire était, ce que seraient nos risque de compromissions, voire de collusion. Il en va de même pour ceux qui ont contribué aux études scientifiques développées dans le cadre de la proximologie ou qui participent aux nombreux séminaires organisés dans ce domaine.
    Nous vous accueillerons avec plaisir (y compris à notre séminaire annuel consacré à la proximologie) le jour ou comme journaliste préoccupé de considérations éthiques, vous ne considèrerez pas comme négligeable de contrôler vos informations à la source. Cela ne pourrait que contribuer à la notoriété et à la crédibilité de vos positions et du site qui les héberge.
    Bon courage dans votre aventure journalistique et si besoin était je me tiens à votre disposition pour porter à votre connaissance de véritables et sérieuses questions à caractère éthique...
    Bien à vous.
    Emmanuel Hirsch
    Emmanuel HIRSCH
    Professeur des universités
    Directeur de l’Espace éthique Assistance publique-Hôpitaux de Paris,
    et du Département
    de recherche en éthique, Université Paris-Sud 11
    Réseau de recherche en éthique médicale, INSERM

    Espace éthique/AP-HP
    CHU Saint Louis - 75475 Paris Cedex 10
    Tél. 01 44 84 17 57/33 1 44 84 17 57

    www.espace-ethique.org

    • mardi 5 février 2008 - par Repondre

      La proximologie, l’Espace Ethique de l’AP-HP et la firme NOVARTIS

      Oui, bien, merci Monsieur, vous êtes bien clair mais.... vous n’avez pas répondu aux interrogations du Dr Philippe Masquelier et de tous ceux qui, comme lui, sans à priori, cultivent un esprit critique certes désagréable mais assez sain finalement.

      Dr Nicolas PROTHON

    • mardi 5 février 2008 - par Dominique Dupagne Repondre

      La proximologie, l’Espace Ethique de l’AP-HP et la firme NOVARTIS

      Monsieur et cher Confrère,

      L’article 5 du code de déontologie énonce : "Le médecine ne peut aliéner son indépendance professionnelle sous quelque forme que ce soit".

      C’est clair, c’est simple, c’est éthique.

      Un laboratoire pharmaceutique n’a rien à faire dans un espace éthique hospitalier.

      Il ne s’agit pas de chasser les marchands du temple, mais de remettre les valeurs en perspectives. A ce train là, ce vieux poisson d’avril deviendra bientôt une réalité.

    • mercredi 6 février 2008 - par Repondre

      La proximologie, l’Espace Ethique de l’AP-HP et la firme NOVARTIS

      Monsieur,

      L’éditorial que vous remettez en cause à pour premier objectif de montrer au
      grand jour que le développement des firmes pharmaceutiques répond à une
      logique marchande et qu’à cet effet tous les moyens sont bons y compris
      celui de s’emparer d’un concept important mais redondant connu depuis toujours par tout ceux qui pratiquent les soins primaires.

      Clairement pour les firmes pharmaceutiques les associations et les patients
      sont bien naturellement les acteurs d’un marché. L’intérêt premier d’une
      firme pharmaceutique ne peut pas être le juste soin du patient.

      Pour les professionnels de soins et les familles, les patients sont sujets
      de soins.

      Nous regrettons que ceux qui sont en charge de la réflexion éthique en
      médecine se laissent instrumentaliser par les firmes.

      Ces dernières trouvent
      là le soutien institutionnel idéal nécessaire à crédibiliser leurs
      engagements auprès des professionnels du soin, des patients et de leur
      famille et augmenter d’autant leur influence.

      Votre intervention sur le forum nous confirme que ceux qui devraient être à
      la pointe de la réflexion et de la recherche dans le domaine mettent en
      avant des arguments d’autorité et considèrent que la question des conflits
      d’intérêt
      ne porte pas d’enjeu éthique ni « véritable » ni « sérieux ».

      Il est donc plus que temps que sous la pression citoyenne la société toute
      entière s’empare de cette notion de conflit d’intérêt dans le domaine de la
      santé afin d’éviter que se reproduisent les malades et morts inutiles :

       plusieurs milliers de décès occasionnés par la prescription intempestive du Vioxx°

       le scandale du sang contaminé, celui de l’hormone de croissance

       des tentatives de développer le dépistage de masse du cancer de la prostate

       la poursuite de la promotion du traitement substitutif de la ménopause

       la promotion tout azimut de la gabapentine

       affaires en cours d’Avandia° et rosiglitazone

       etc...

      Philippe Masquelier médecin :
      ma déclaration d’intérêts

    • mercredi 6 février 2008 - par Dr Jean Doubovetzky Repondre

      La proximologie, l’Espace Ethique de l’AP-HP et la firme NOVARTIS

      Cher Monsieur Hirsch,

      Vous proposez de "renouveler votre approche de la notion de "conflits d’intérêt" dans le champ de la santé." Et vous ajoutez : "Elle ne peut se satisfaire des simplifications convenues et mérite un véritable effort d’investigation".

      Mais cet effort d’investigation a été fait, et je vous suggère de lire attentivement le discours des conseillers marketing des laboratoires (le site du Formindep regorge d’exemples et de liens), et les documents de recherche ou de vulgarisation en psychologie sociale (par exemple le "Petit traité de manipulation à l’usage des honnêtes gens").

      Ce n’est pas parce que vous ignorez comment vous êtes manipulé qu’il est éthique de continuer à l’être...

      Bien confraternellement

      Dr Jean Doubovetzky

      • jeudi 28 février 2008 - par Dr tony lambert Repondre

        La proximologie, l’Espace Ethique de l’AP-HP et la firme NOVARTIS

        je suis également profondément troublé par la réponse d’une personnalité de ce niveau dans le domaine de l’éthique !!!!

    • vendredi 8 février 2008 - par Repondre

      La proximologie, l’Espace Ethique de l’AP-HP et la firme NOVARTIS

      Ce qui peut le plus aider les proches c’est la confiance dans les médecins. Celle-ci n’est possible que si ces derniers ne sont pas inféodés à d’autres intérêts que ceux des malades. Le degré zéro de réflexion de l’espace éthique de l’AP-HP concernant la notion de conflit d’intérêt est effarant pour les proches de malades. Que chacun commence par faire son travail correctement là où il est.